Impero :: The damned Souls
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 _ . Coma White . _ || PV Fenrir ||

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Sherkane L. Aberkane
Serpentard
Sherkane L. Aberkane


Féminin Nombre de messages : 55
Age : 34
Année et âge du perso : || 16 ans || Sixième année ||
Maison : Serpentard
Coeur ? : Aussi fragile et acéré que la glace, seuls les plus habiles sauront ne pas s'entailler dessus...
Date d'inscription : 16/09/2007

Feuille de personnage
Citation - dicton: Cher, seras-tu mon lapin blanc ? Joindras-tu la reine de coeur dans son thé de fous ?
Relations:
Dons: Ne jamais mentir. Il n'y a que la vérité qui blesse...

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MessageSujet: _ . Coma White . _ || PV Fenrir ||   _ . Coma White .  _ || PV Fenrir || Icon_minitime1Jeu 6 Déc - 2:14





"You were from a perfect world...
A world that threw me away today, today
Today to run away."




Sherkane ouvrit brusquement les paupières, affolée, haletante. L’espace d’un instant, ses yeux encore aveuglés par les illusions du rêve, d’un profond bleu océan, tournoyèrent follement dans leurs orbites, lui conférant l’air exorbité d’une possédée. Une fine pellicule de sueur couvrait son front, et le voile de ses longs cheveux noirs épars semblait former un épais rideau sur son oreiller pourpre. Progressivement, son souffle s’apaisa, et la jeune femme émit un profond soupir de lassitude. Depuis quelques semaines, elle était à son tour peuplée de songeries malsaines teintées de sang et de cadavres.
Mais cette fois, elle avait encore rêvé de la voix.
Cette voix féminine, aussi envoûtante qu’obsédante, que d’autres élèves disaient avoir également perçue dans leurs songeries les plus intimes, lorsque leurs âmes fragiles, recouvertes du baume de la nuit, sommeillaient doucement, aussi vulnérables qu’un mince fétu de paille.
Et cette voix, cette mélopée hypnotique qui retentissait dans ses cauchemars, habitait indiscrètement ses fantasmes, lui dictait des actes pernicieux, parlait de tueries sauvages, de rivières de sang, et susurrait à son oreille des songes d’empoisonnement. Lorsque Sherkane s’éveillait de ces hallucinations et de ces visions de marches dans de longs couloirs glacés, elle se sentait le plus souvent faible et nauséeuse, comme si elle n’avait pas dormi du tout. Et de fait, parfois, la verte et argent n’avait pas même souvenance de s’être assoupie auparavant, ce qui devenait franchement inquiétant vu les circonstances. L’amnésie, c’était le début de la perte d’esprit. Etait-elle en train de devenir complètement folle ? Bonne à enfermer ?…
Un frisson glacé parcourut tout son corps au beau milieu de cette nuit d’automne encore tiède, la faisant grelotter. Instinctivement, Sherkane serra convulsivement ses bras de ses longues mains fines. Le vent violent s’engouffrait dans les cachots, émettant un lugubre sifflement contre les murs de pierre humides. Sans doute un petit crétin qui avait omis de refermer la porte conduisant à la Grande Salle, pensa-t-elle. Oui, elle entendait faiblement le claquement sec et régulier des coups produits par le battant qui cognait. Allait-elle se lever pour refermer cette fichue porte ? Oh, pourquoi Lucian n’était-il pas là ? Quand ils étaient enfants, c’était lui qui la rassurait et la serrait dans ses bras les soirs d’orage, quand les mauvais rêves prenaient possession de son esprit… Lui encore qui jouait à attraper les cauchemars et les changeait en lucioles qui s’envolaient haut, haut vers son ciel étoilé, et éclairaient les ténèbres de sa chambre d’enfant mauve et argent… Même après avoir étudié durant cinq années la magie à Poudlard, Sherkane ne comprenait toujours pas comment il s’y prenait.

Elle secoua doucement la tête, chassant de ses pensées l’image du sourire calme et apaisant de son grand frère à l’âge de sept ans. C’était en ces moments troublants, où elle ne savait plus tout à fait qui et ce qu’elle était véritablement, que la jeune femme regrettait le plus le bonheur insouciant de ses souvenirs d’enfance, la tendresse qui avait marqué ses relations avec son aîné à cette époque. Puis, tous deux avaient grandi, et tout s'était compliqué. Aujourd’hui, il n’était pas là. Pourtant, il ne se trouvait qu’à quelques mètres d’ici, dans le dortoir des garçons. Sherkane pourrait-elle une nouvelle fois se glisser silencieusement dans son lit comme une couleuvre câline et se pelotonner précautionneusement contre son corps svelte et frais ?…
Tsssss, mieux valait oublier ces sottises immédiatement. L’accès au dortoir des garçons était peut-être protégé comme l’était celui des filles. En fait, le simple fait de s’abaisser à considérer ces réalités pratiques était humiliant, et Sherkane se mordit violemment la lèvre inférieure pour ne plus s’y attarder. Allons donc, elle n’était plus une petite fille. Du moins le croyait-elle dans les profondeurs de son orgueil abyssal.

Doucement, précautionneusement, la jeune femme repoussa ses couvertures et se glissa hors de ses draps. Soudain, un bruit métallique résonna sur le carrelage glacé. Sentant sous la plante de ses pieds un objet dur et froid, Sherkane se figea, guettant le réveil de ses camarades au son régulier de leur respiration. Mais, fort heureusement, pas une ne bougea le moindre muscle. Alors, lentement, la maligne vipère coula un regard vers l’ustensile posé au sol reflétant au plafond la lumière de la lune, et un second frisson, plus fort que le précédent, la saisit lorsqu’elle l’identifia : c’était un couteau à gâteau teinté de rouge, visiblement affûté, tombé d’entre ses draps.

Malade de terreur, Sherkane vacilla jusqu’à la porte close du dortoir des filles de Serpentard, l’ouvrit d’une traite puis la referma tout aussi rapidement. Secouée de tremblements incontrôlables, la jeune fille s’adossa au battant comme un noyé s’agrippe désespérément à une bouée, et se laissa couler sur le sol avec lassitude. Soudain, comme si derrière elle le diable lui-même avait frappé à la porte, la verte et argent bondit en avant et traversa à toute allure la salle commune des serpents pour se cogner brutalement contre le mur solide qui fermait l’accès à la pièce. Mécaniquement, Sherkane prononça le mot de passe et se rua dans le couloir remontant vers les étages. Au bout se trouvait justement la fameuse porte conduisant au hall d’entrée de l’école. D’ailleurs, un grincement se fit entendre, suivi d’un autre claquement sec, et la jeune fée effrayée supposa que l’ouverture devait être bloquée. L’enfilade de corridors sombres à peine éclairés par l’astre lunaire semblait réveiller en elle d’anciens souvenirs enfouis : un jeu d’ombres et de lumières sur les antiques murs de Poudlard, le son amplifié de pas précipités sur les pavés humides, le sifflement caractéristique d’une lame qui tranche la viande, et finalement le doux bruit mat d’un corps qui s’affaisse...
Une vague de fièvre sembla envahir la jolie mangeuse de cœurs lorsqu’elle réalisa que toutes ces sensations, ces visions ne provenaient pas d’elle-même, mais d’un autre esprit. Pourtant, c’était bien son propre corps qui avait évolué sans bruits dans ces tortueuses allées, aiguillonné par le désir du carnage. Mais Sherkane ne se rappelait pas avoir commandé sa propre enveloppe charnelle ce soir-là. Malgré tout, son âme avait été présente, quoi qu’hypnotisée, droguée à l’exaltation du meurtre, comme somnambule ; oui, c’était cela : son corps avait avancé de lui-même, contrôlé par quelqu’un d’autre, tandis qu’intérieurement son esprit prisonnier riait, trop heureux de se laisser faire. Les inhibitions de son âme avaient cédées à ce moment-là, et par la suite son inconscient avait absorbé cette fracture. Mais les barrières de la mémoire se fissuraient en elle à cet instant précis, et tout ce qu’elle avait occulté lui revint par courts flashs. Sa vue se brouilla soudainement et, cette fois, ce fut son propre reflet que Sherkane aperçut : son regard n’exprimait rien, mais son sourire malin et ravi trahissait une jubilation cruelle des plus intenses. Dans sa main droite, elle serrait ce même couteau à gâteau aperçu quelques minutes plus tôt. De délicates gouttes rouges s’en échappaient pour venir s’écraser sur le sol dallé dans un plic-plac régulier. Enfin, la jeune femme comprit : ce qu’elle voyait n’était que le reflet d’un miroir. Rien qu’un stupide miroir. Sherkane laissa échapper un sourire rasséréné qui vint atténuer son expression crispée et sa pâleur maladive ; mais quelques secondes à peine plus tard les recoins de ses lèvres s’affaissèrent lentement, et ses yeux s’écarquillèrent d’horreur.
A présent, à ses pieds, une charogne traînait, abandonnée sur le ventre avec obscénité comme un pantin désarticulé. Ses membres disloqués formaient chacun des angles divers et variés avec le tronc de son corps, et les yeux hagards de ce qui avait été un garçon fixaient désormais le vide pour l’éternité. Une déchirure béante sur son abdomen dévoilait avec impudeur les tréfonds puants de son intériorité ; une cascade de boyaux roses et soyeux s’en déversait, directement sur les pieds de Sherkane.

Ecoeurée plus qu’effrayée, la mignonne vipère se recula précipitamment avec une grimace de répugnance, et le souvenir disparut instantanément. Par un fait étrange, si elle était honnête avec elle-même, Sherkane devait admettre qu’elle n’avait pas peur ; du moins, pas tant du cadavre que de ses propres capacités. Prudemment, Sherkane se retourna vers la porte, et resta tétanisée faxe à celle-ci, comme si une bête fauve allait en jaillir à tous moments : elle était close. La porte était fermée. Pourtant, elle l’avait bel et bien entendue claquer quelques instants plus tôt, n’est-ce pas ?... Et encore, il y avait une minute seulement, elle l’avait sentie grincer près d’elle, non loin de là. Non, cela ne pouvait être une nouvelle illusion : la froideur mortuaire qui envahissait ses pieds nus en témoignait. Quelqu’un devait se trouver près d’ici, vraiment tout près. Quelqu’un qui la savait présente à quelques mètres seulement. Il se passait décidément des choses étranges, ici.
A mesure que s’imposait à elle l’évidence – elle avait tué ce jeune garçon – Sherkane se rappelait qu’au fond, elle n’avait pas été effrayée face au crime qu’elle commettait. De toutes façons, elle aurait été impuissante à y changer quoi que ce soit, même si elle l’avait voulu. Son corps à ce moment-là n’avait été qu’une machine contrôlée par autrui. Mais il y avait bien pire, Sherkane le savait : c’était qu’au plus profond d’elle-même, dans la partie animale de son être, elle y avait pris plaisir.

Une forme d’apaisement étrange l’envahit alors, et ce fut presque avec sérénité que Sherkane rouvrit résolument la porte de ses angoisses. De fait, elle n’avait plus peur. Quel que soit ce qui se trouvait derrière, elle y ferait face la tête haute, digne et hautaine comme elle l’avait toujours été.
Le hall d’entrée du château était glacial, balayé par le vent d’automne qui soufflait allègrement à travers les deux battants grands ouverts de l’immense entrée. Sherkane s’en approcha lentement, les pans de sa chemise de nuit blanche virevoltant autour d’elle avec légèreté ; elle avait froid, et toute sa peau se couvrait progressivement de chair de poule, mais à vrai dire, elle ne le sentait déjà plus. Ses mains glissèrent sur l’or massif des portes tandis que sa frêle silhouette soufflée par les vents comme une misérable brindille s’encadrait dans l’ouverture béante. Au loin se dessinait la cime des arbres de la Forêt Interdite, comme toujours sombre et menaçante ; les branches fouettées avec violence par le souffle de la tempête émettaient en concert grincements et sifflements lugubres, surmontées d’un somptueux ciel d’orage. Au milieu de ce paysage apocalyptique, Sherkane avançait avec une assurance tranquille ; malgré le fait que le contraste de température entre la pierre des grands escaliers et ses orteils nus lui donna la sensation d’avoir des milliers d’échardes soigneusement plantées dans la plante de ses pieds, elle progressait toujours, luttant majestueusement contre l’ouragan. Un large sourire extatique sur le visage, elle descendait lentement les degrés, droite comme une reine, comme hypnotisée par cette vision de chaos. Les voiles de sa robe de nuit semblaient former derrière elle un élégant et vaporeux nuage nacré, moulant une partie du tissu sur les courbes bien dessinées de son corps élancé.

Le fin rideau de ses longs cheveux noirs agités par la puissance des éléments vint masquer un instant sa vue, et Sherkane l’écarta nonchalamment, avec une élégance toute artistique. Lorsque son regard se porta de nouveau au bas des escaliers, elle put y voir la silhouette obscure d’un garçon, apparemment assez jeune encore. Ce devait donc être un élève de Poudlard. Il paraissait sorti de nulle part, et peut-être était-il la cause de toutes ces fausses frayeurs qui tourmentaient Sherkane depuis son réveil. Dans la lumière de la lune encore incomplète qui apparaissait, la brillante fée d’automne put le distinguer un peu plus nettement : de grands yeux bleus ciel au regard fixe et troublant, des cheveux bruns mi-longs coiffés n’importe comment qui lui conféraient l’air adorablement négligé d’un étudiant d’université moldue, de haute stature, des épaules solides... en somme, le genre de jeunes hommes qui faisaient tourner les têtes des petites sottes qui gloussaient dans les couloirs comme une horde de poules. Joli garçon, oui, il l’était indubitablement. Et pourtant, ce n’était pas vraiment son physique qui plaisait à la mutine succube, mais son esthétique générale et ce quelque chose de dérangeant qu’il possédait. Dérangeant, certes, mais surtout terriblement intriguant, voire même... obsédant. Et pourtant, Merlin seul savait combien intriguer Sherkane Liz Aberkane était une tâche ardue. Or, ce garçon la fascinait littéralement.
D’autant plus qu’après l’avoir observé plus attentivement, Sherkane le reconnaissait : il s’agissait bel et bien de Fenrir, membre de la maison du Serpent comme elle, et tombeur notoire de ces demoiselles. Il semblait n’être apparu chez les reptiles que récemment, mais prétendait avoir passé toute sa scolarité au château. De fait, il connaissait l’endroit comme sa poche. Très sélectif dans le choix de ses petites amies, il passait pour être un parti intéressant mais difficile. Le seul problème était que personne ne revoyait jamais les malheureuses élues... Pourtant appétissant, il était un morceau trop imposant pour que Liz y plante ses crochets. Prudente, elle s’était écartée de lui chaque fois que ç’avait été possible.
Mais pas ce soir. Ce soir, où elle avait le goût du sang versé dans la bouche, tout lui semblait possible, le pire comme le meilleur. Uniquement vêtu d’un pull noir près du corps qui ne cachait rien de son torse bien dessiné et d’un pantalon de même couleur, Fenrir semblait n’être qu’une ombre dans la nuit, une ombre dont les yeux bleus myosotis la dévisageaient avec audace et ce qui ressemblait à une lueur de défi. Les prunelles saphir de Sherkane ne quittaient pas un instant le regard dangereusement hypnotique de Fenrir. Ce dernier se tenait nonchalamment debout à gauche de l’escalier, une main posée sur la rampe de pierre. Tout dans ces deux fenêtres à ciel ouvert qui ornaient son visage appelait à la libération de l’instinct animal, sauvage, indomptable. Et Sherkane répondait à cet appel, de tout son être en éveil face à cette rencontre hasardeuse qui bouleversait les limites de son corps, comme si ses facultés sensorielles se trouvaient soudainement étendues. Hasardeuse... Mais était-ce vraiment bien le cas ? Il ressemblait à un prince surgi tout droit des ténèbres et de l’agonie de ses nuits, prêt à l’emporter au diable. Et Sherkane s’aperçut qu’elle le souhaitait ardemment.
(Have you ever danced with the devil by the pale moonlight ?) Allait-il la conquérir, son prince de la Mort ?... Espoir.”
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