Un jour viendra... (PV Eléa)

[HJ : tu m’excuseras, je suis en mode nostalgie pour le moment…]

Sulphureus venait de quitter la dérangeante Rosalie. Il ne l’aimait pas. Jamais il ne s’entendrait avec cette fille et jamais il ne l’approcherait, pas même pour lui mettre une muselière ou un sac en toile opaque sur la tête, à moins qu’il ne la prenne par derrière, évidemment...
Le jeune homme était venu dans sa salle commune pour faire le point, mais il lui était vite apparu que l’ambiance qui régnait là n’avait rien pour l’aider à se sortir de cette impression qu’il gardait de la rencontre avec la Poufsouffle désormais abhorrée.

Alors il était sorti. On ne l’avait pas regardé sortir de la pièce, il ne s’était pas retourné. Il avait erré un peu dans les sous-sols de Poudlard avant de se décider pour le fumoir.
Une fois arrivé là, le Serpentard s’affala dans un fauteuil, plus las encore que deux minutes plus tôt. Cette impression subtile d’avancer vers soi, puis voir que le bout du fil n’existe pas…

*A quoi bon sortir ? Je m’emmène partout ; partout je me fais de l’ombre.
Et puis je suis bien comme ça, je connais mes limites, me resserre, me ressemble.
Le monde me traverse, ou bien c’est moi qui le contiens.
Quelqu’un attend autant que moi, sinon je ne serais pas triste.
Quelqu’un s’attend. Quelqu’un m’attend.
Ne pas bouger, ne rien effaroucher.
Quand le temps m’aura fait trop mal, un jour viendra…*

Shagswell ramena à lui ses genoux qu’il entoura de l’anneau de ses bras. Comme un enfant.

*Il ne faut pas y croire. Ce temps qu’ils voudraient m’imposer n’est pas la vie. C’est très bien qu’ils se trompent : le malheur des autres ne console de rien.*

Comment un tel homme peut-il, d’un coup, se sentir si empreint d’incertitude ?

*On s’est risqué, on a failli couler, on a nagé tant bien que mal.
On sait que l’eau est infinie, qu’on n’apprivoisera jamais tous les courants secrets.
L’obscurité est si profonde, alors pourquoi tenter de tout geler ?
La glace de la vérité coupe et déchire à la surface, dérisoire.
Bientôt, elle ne sera plus de saison.
C’est un hiver de soi, la certitude.*

Certes, il est parfois nécessaire de se remettre en question, de faire le point sur soi-même, mais Sulphureus était bien parti pour ne pas sortir de ses pensées avant un moment.

*On ne sait rien de plus.
Parfois on se croit nu, parfois on se croit libre, et quelquefois perdu.
Où sont les traces effacées, vont-elles toutes disparaître ?
Y avait-il un chemin ?
S’est-il arrêté quelque part ?
A-t-il recommencé ?
Pourquoi ne peut-on pas vraiment se retourner ?
L’air semble si léger, mais on n’a rien appris.
On n’est jamais au bout de soi, au bout de rien.
On se sent las…*

Il ne sait pas ce qu’il attend. Ce serait tellement simple de voir la vie en noir, la vie en rose. Mais les jours ne se suivent pas, ne se ressemblent pas. Combien de temps perdu ? Combien de certitudes ? Comment sortir de la coquille ?

*Sans doute, oui, il s’agit d’être capable de s’armer contre les obstacles qui pourraient survenir dans la vie et pouvoir anticiper sur le type de sentier que l’on emprunte…
Mais qu’y a-t-il de mieux que des erreurs pour nous apprendre à comprendre les structures du monde, le système de la vie ?*

Elea avait… comment dire? Un énorme problème. Elle courait dans les couloirs, une main plaquée férocement sur son épaule droite qui laissait échapper de fines gouttelettes de son sang écarlate. Victime d’un vertige, elle s’appuya sur le mur, y laissant une trace de main sanglante. Comment s’était t’elle fait une telle blessure? Elle était tombée depuis le toit du château, pas de très très haut mais son épaule était tout de même entrée en collision avec quelque chose qu’elle n’avait pas réussis à identifier et l’avait sérieusement entaché.

La robe d’un blanc pur que portait la jeune Serdaigle était à présent taché de rouge. Le sang avait légèrement coagulé et sa robe épousait à présent chacune des courbes de son corps. Pourquoi était elle tombée? Le toit n’était même pas humide, non, en fait, tout cela était du au hurlement de terreur qui avait résonné dans sa tête pendant qu’elle réfléchissait. Elle maudissait sa faiblesse. Comment avait t’elle pu tomber rien que pour un tel cri? Voila, maintenant elle savait où lui mènerait cette nouvelle manie de tout le temps penser à des futilités. A la mort si elle ne se dépassait pas d’aller dans la salle vide et de s’appliquer à sois même le sortilège de guérison. Chose très ardue et dangereux lorsqu’on l’utilisait sur soi même mais elle n’avait pas le choix et après tout, ce ne serait pas la première fois et sûrement pas la dernière.

Elle savait depuis qu’elle était petite et qu’elle avait du subir ‘ l’entraînement’ qu’elle mourrait en faisant une chute et jusqu’à présent, rien ne lui avait fait suffisamment mal pour la tuée.

Pourquoi elle se réfugiait dans cette salle alors que sa salle commune était beaucoup plus proche? Simplement parce qu’elle ne voulait pas que l’on entende le hurlement de douleur qu’elle savait qu’elle allait pousser. Peut être même qu’elle tomberait dans l’inconscience. Voila les risques que l’on retirait du fait de se soigner sois même.

Rien que pour ces risques, Elea aurait aimé avoir quelqu’un en qui elle pourrait avoir totalement confiance. Mais non, de tout évidence, il n’y aurait personne pour elle.

Bien sur, qui voudrait d’une ombre? D’un fantôme? De quelqu’un de pratiquement muet?

Car oui, de toute évidence, la voix d’Elea sombrait de plus en plus. Elle ne l’utilisait plus, elle pratiquait sa magie avec des sort informulés, elle ne fréquentait personnes qui méritait selon elle qu’on lui parle et elle savait que ses yeux étaient bien assez éloquents lorsqu’elle devait bondit de rage.

Elle se trouva alors enfin en face de la porte de la salle désaffectée, elle y était souvent venue, il était tard et elle n’y rencontrait jamais personne, cela lui permettait de s’installer confortablement dans l’un des grand canapé de la salle.

Elle poussa la porte, la respiration haché, les yeux voilés par le sang qu’elle avait perdu. Chancelante, elle entra dans la pièce et en trébuchant, elle fit tomber un grand vase en porcelaine qui explosa sur le sol en un millier de fragments. Mais elle n’avait pas le cœur à penser à la valeur astronomique de ce vase Ming… elle s’écroula sur le sol, au pied d’une silhouette inconnue.

[528 mots]

Assez court, je m'en excuse.

Sulphureus était en pleine méditation. Le sens de la vie, la raison d'être de l'homme, le pourquoi du comment...

Dire que tout cela lui tournait dans la tête à cause de cette imbécile de Poufsouffle péteuse et bouchée qui l'avait à la fois énervé et incertain.

Sulphu restait dans un coin, la tête dans ses mains, comme s'il en contemplait les paumes d'un oeil fermé et pas vraiment décidé à s'ouvrir.

Un oeuf. Il était dans un oeuf.

Les certitudes envolées, l'homme se révélait souvent, voire toujours, aussi fragile et doux qu'un jeune animal qui se blottit pour se protéger.

Le Serpentard, malgré sa fierté, malgré ses succès, malgré ses atouts et ses habitudes, n'échappait pas à la règle.

Il était là et n'était pas là en même temps.

Shagswell finit par ôter ses mains de son visage. Il prit une cigarette et la fit tourner lentement entre ses doigts, en se demandant pourquoi il continuait à s'accrocher comme cela à des objets qui, comme cette clope, étaient destinés à mourir en fumée?

Il haussa les épaules et alluma le tube de tabac. La première bouffée inspirée, il la rejeta rapidement. Seules les suivantes l'intéressaient. Celles qu'on pouvait savourer les yeux fermés, l'esprit un peu plus vide à chaque fois, comme si la fumée vous enveloppait de sa sollicitude et vous apportait un peu de bien-être tout en vous démolissant de l'intérieur. Peut-être était-ce là la leçon à retenir de la vie en général? Un positif pour un négatif. La sensation de bien-être durant quelques instants et la maladie, peut-être, dans quelques années.
Un petit sourire vint se dessiner sur les lèvres du garçon.
Il devenait pathétique à avoir de telles pensées et il s'en rendait compte. Le Serpentard se réveillait enfin, quittant sa léthargie passégère pour reprendre du poil de la bête.

Adossé contre le mur, il imaginait désormais des méthodes pour faire avaler à Rosalie ses paroles et ses oeillades, sa façon d'être et sa profonde connerie.
La séquestration lui semblait la meilleure solution pour cela... et pour l'ambiance, les cachots étaient tout indiqués.

Mais Sulphureus n'eut pas l'occasion de réfléchir vraiment plus à tout ceci, car un bruit mat suivi d'un son de bris de porcelaine lui fit relever les paupières et regarder vers l'endroit d'où provenait cette agitation subite.
Sulphureus se leva et vint ainsi, assez décontracté malgré tout, vers les morceaux de vase au milieu desquels gisait une fille.

Le jeune homme hésita.
Deux possibilités s'offraient à lui.
D'abord, il pouvait profiter de l'inconscience de la demoiselle pour prendre un peu de plaisir avec et malgré elle. Cela avait du charme, et le sang qu'il y avait sur le corps de la fille donnait un côté un peu mystique à cette idée.
Ou il pouvait essayer d'en savoir plus sur elle, la soigner, s'occuper d'elle et se rendre indispensable pour cette beauté blessée.
Par stratégie, le Serpentard opta pour le second choix.

Il s'agenouilla auprès d'Eléa et passa sur les plaies qu'il voyait le bout de sa baguette en marmonnant des formules magiques cicatrisantes. Il dégrafa le chemisier de la demoiselle, ouvrit le vêtement sur un soutien-gorge bien garni et chercha quelque autre plaie de ce côté tout en se rinçant doucement l'oeil.
[HJ : d'abord toutes mes excuses pour le retard et la longueur du post, j'ai horreur de ça, mais je dois bien avouer que le temps me manque assez bien...]